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Mafalda,
6 ans et tout son cran
La fille de Quino a fait ses adieux à la bande dessinée en juin 1973, mais elle est partout dans les rues de Buenos Aires.
Bruxelles a Tintin, la capitale argentine Mafalda. L’air incrédule et la chevelure de la petite fille, son prénom sont partout en ville : une place dans le quartier de Colegiales, un fresque dans le couloir du métro (stations Peru sur la ligne A et Catedral sur la ligne D), mais surtout une statue grandeur nature inaugurée le 30 août 2009. Mafalda, vêtue de vert, est assise sur un banc du quartier de San Telmo, au coin des rues Chile et Defensa. Réalisée par l’artiste Pablo Irrgang à la demande du gouvernement de la ville, l’œuvre trône à quelques mètres du bâtiment où résidait son père, l’Argentin Quino. Une plaque, accolée au numéro 371 de la rue Chile, le rappelle d’ailleurs. Preuve, s’il en est, que Mafalda est bien plus qu’un dessin pour la population de la ville et pour le pays tout entier. Elle est une personnalité dont les réflexions font référence. Les plus grands noms de la littérature se penchent d’ailleurs au-dessus de son berceau, dès sa naissance dans la revue Primera Plana en avril 1969, et bien au-delà de sa mort éditoriale.
Du comic strip à la rue
Les compatriotes argentins de Mafalda, tels que Gabriel Garcia Marquez, jusqu’à l’Italien Umberto Eco saluent cette enfant anticonformiste qui revendique le droit au rêve. Julio Cortazar, l’auteur de « Marelle » naturalisé français en 1981 pour protester contre la dictature militaire argentine, avait même pour habitude de répondre lorsqu’on l’interrogeait sur le personnage de Quino : « Cela n’a pas d’importance ce que je pense de Mafalda. Ce qui importe c’est ce que Mafalda pense de moi. » En cause, la voix percutante et l’œil pertinent de l’héroïne sur les questions de société : l’écologie, la paix, la démocratie, la condition féminine… Son message universel a conquis des millions de lecteurs dans le monde. Ses propos, teintés de fausse naïveté, sont traduits dans 20 langues. Tandis que Mafalda disparaît des strips, elle ressuscite ponctuellement. Tel fut le cas en octobre 2009, pour apostropher Silvio Berlusconi. « Je ne suis pas une femme à votre disposition », lui lance-t-elle en double page du quotidien italien « La Repubblica ». Le président du Conseil des ministres vient à nouveau de s’illustrer en dénigrant une députée. La gamine donne à l’époque le top départ à la protestation italienne contre le machisme. Mafalda, 6 ans et tout son cran.
Buenos Aires abrite l’une des plus importantes collections d’œuvres littéraires au monde. Les librairies pullulent, mais la plus belle reste El Ateneo. Pour lire et pour voir.
Rien n’a changé depuis son ouverture en 1919. L’éclairage et les dorures, la salle et les lourds rideaux de velours rouge rappellent l’usage de ce ciné-théâtre construit par Max Glucksman. Le Grand Splendid, à l’époque, est un lieu où se produisent puis enregistrent les grands noms du tango tels que Carlos Gardel. Les spectateurs se ruent au dernier étage, le poulailler, ou louent leur place dans les balcons que protège une coupole peinte par l’artiste italien Nazareno Orlando. Si le théâtre se transforme ensuite en salle de cinéma, il opère sa mue en 2000 lorsque la chaîne El Ateneo le rachète pour en faire une librairie. Les étagères s’installent en lieu et place du poulailler. Les espaces de lecture s’ouvrent dans les balcons. DVD et musique occupent le rez-de-chaussée et le sous-sol, à côté des ouvrages pour enfant. Plus de 800 000 touristes franchissent les portes de ce grenier à livre, qui décroche le titre de 2e plus belle librairie du monde dans un classement établi par le quotidien britannique « The Guardian ». La récompense n’est pas usurpée au regard du décor, sauvegardé, et du fonds constitué de 120 000 références. Et si l’envie vous prend de feuilleter quelques bonnes pages, commandez une boisson au café qui occupe désormais la scène.
Plus petit par la taille, le cimetière de Recoleta n’en est pas moins fascinant. Situé dans le quartier éponyme, il abrite des trésors d’architecture funéraire et les tombes des grands noms du pays tels que Evita Peron, de loin la plus visitée du site.
Sa réputation n’est pas fameuse, particulièrement la nuit, mais La Boca (« La Bouche » en espagnol) est en pleine mutation. Une communauté d’artistes s’est emparée du quartier et de ses maisons colorées à l’instar de la très pointue Fundacion Proa.
Un immigrant français a fondé l’établissement en 1858, empruntant le nom de Tortoni à une célèbre adresse du boulevard des Italiens, à Paris. Haut-lieu de l’intelligentsia portègne, le plus célèbre des grands cafés de la ville a conservé ses ors d’antan.
Si les viandes cuites au barbecue vous lassent, laissez-vous tenter par un autre trésor culinaire : les empanadas. Les bonnes adresses ne manquent pas, mais la pâte légèrement feuilletée et les garnitures du Fortin Salteño méritent un arrêt.